Adieu, beau et inutile château de Bertheuil !

Situé sur le territoire de la commune de Campagne (Landes) à 8 km de Mont-de-Marsan, le chef-lieu de canton, le château de Bertheuil, également dénommé château Lacaze, a été construit sous le Second-Empire dans un style Renaissance, par Monsieur Lacaze, un riche propriétaire. Il souhaitait y accueillir Napoléon III qui avait le projet de séjourner dans la région en 1871. Hélas, trois fois hélas, l'Empereur lui posa un lapin à "l'insu de son plein gré", pour cause de défaite contre la Prusse !

 

Un château de style Renaissance.

 

Simple et d’allure élancée, il a été construit sur trois niveaux, de pierres blanches et roses. Le corps de logis central était encadré par deux ailes rectangulaires et par deux fines tourelles à toits coniques ardoisés situées aux deux angles de la façade. Les fenêtres et mansardes étaient ornées de frontons triangulaires ou circulaires. La corniche portait des coquilles et des décors sculptés. La façade comportait douze fenêtres au rez-de-chaussée et treize à l’étage. Au sommet du château et en son milieu trônait une sculpture percée d’un orifice qui aurait dû accueillir une grande horloge ronde.

 

Façade sud du château de Bertheuil

(AD40 6 FI 161-[Façade sud du château de Bertheuil à Campagne] / M. de Lonjon. 1861-1870)


Napoléon III avait une forte affinité pour les Landes.

 

Solférino, un village landais atypique avec son allée de cottages, a été officiellement créé en 1863, dans la Haute-Lande, par Napoléon III en hommage à la bataille du même nom remportée sur les Autrichiens en 1859. Les Landais du 34ème régiment d'infanterie qui s'y étaient vaillamment comportés furent ainsi honorés. Avant d'être érigé en commune, Solférino était un domaine impérial de 7 000 hectares constitué en 1857 à partir de terrains prélevés sur les sept communes avoisinantes déjà par la volonté de l'empereur Napoléon III, qui l'acheta sur ses propres deniers. « Influencé par la révolution industrielle venue d’Angleterre, Napoléon III souhaitait relancer l’économie, le territoire, et en finir avec ses zones de marécages ». Le projet portait le nom de « ferme impériale des Landes ». Son but officiel était d'y expérimenter de multiples méthodes agricoles, dans l'esprit de la loi du 19 juin 1857 relative à l'assainissement et de mise en culture des Landes de Gascogne. Cette acquisition faisait également suite au souhait de Napoléon III, dont la femme était Espagnole, dès 1852, que la voie ferrée vers l'Espagne traverse la Haute Lande entre Bordeaux et Bayonne. 

 

Localisation du château de Bertheuil. © OpenStreetMap

 

Afin de mener dignement l’Empereur et son épouse Eugénie de Montijo, au château, des dizaines de kilomètres de la route qui mène de Dax à Mont-de-Marsan, furent plantés de platanes, qui atteignent en 2023 des tailles impressionnantes et inondent de leurs feuilles tous les terrains alentour, à l’automne.

Hélas, pour Monsieur Lacaze, le couple impérial n’y vint jamais en raison de la guerre franco-allemande de 1870-1871, parfois appelée guerre franco-prussienne ou guerre de 1870. Cette guerre, déclarée par la France au royaume de Prusse, a duré du 19 juillet 1870 au 28 janvier 1871, et s’est rapidement soldée par un désastre pour la France. Les troupes allemandes avaient une expérience récente – et victorieuse – du feu (avec les conflits contre le Danemark en 1864 et l'Autriche deux ans plus tard), une artillerie lourde et une excellente formation.


 

    

Le château de Bertheuil, le 27 octobre 2011 (Source : By Labadiemy2 [CC BY-SA 3.0 ], from Wikimedia Commons)

 

 

Hélas, ce magnifique château unique dans la région fut ravagé par un incendie et resta à l’abandon pendant plusieurs décennies.

 

À ses pieds, s’étendait le terrain de football de l’équipe de l’entente Campagne-Saint-Perdon, jusque dans les années 70. À son arrière, s’étend encore de nos jours, une usine de traitement du bois, longtemps appelée l’usine Lacaze et qui procurait de l’emploi à une bonne partie du coin (de nos jours : usine Lesbats, scieries d’Aquitaine). Notre grand-père maternel y travaillait comme limeur. À moins d’un kilomètre à vol d’oiseau, la piscine de Bertheuil avec ses deux bassins - l’une des premières construites de la région - était un lieu de vie important pendant les après-midi estivales. La piscine était alimentée par un ruisseau, le Larriou. Nous y avons tous appris à nager.

 

Privée de sa toiture, s’effondrant par morceaux, représentant un danger certain, cette « belle ruine » a été rasée en 2011.

 

Pour en savoir plus...

 

Le patrimoine en péril du Sud-Ouest français 

 

Landes en vrac : souvenirs et témoignages du passé et petit patrimoine landais. 

 

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