Une leçon pour le présent : le calcul de la longévité moyenne de vos ascendants.

À l’heure où la génétique et l’hygiène de vie tentent de rendre compte de notre espérance de vie, la bonne surprise, en construisant mon arbre généalogique, a été de constater que depuis le milieu du XVIIe siècle mes ascendants qui avaient toujours vécu du travail de la terre jusqu’à la fin du XIXe siècle dans la même propriété (soient 8 générations) et dans le même village des Landes, avaient bénéficié d’une longévité bien supérieure à celle de leurs contemporains.

De plus, le nombre de leurs enfants morts en bas-âge (avant l’âge de 5 ans) a été très faible. La mortalité liée à la grossesse a été inexistante même à des époques où les suivis de grossesse n’existaient pas. Bien entendu, nous ignorons le taux de fausses-couches qui n’apparaît pas dans les registres paroissiaux ou de l’état-civil.

Ces ascendants semblent tous avoir échappé aux calamités naturelles, aux famines, aux épidémies, aux guerres, aux décès liés à la grossesse et à la terrible condition ouvrière dans les villes… De là à conclure qu’une longue vie m’attend serait bien présomptueux !

Voici un exercice auquel vous pouvez facilement vous livrer : le calcul de la longévité moyenne de vos ascendants hommes et femmes, en prenant mon exemple familial de ma lignée agnatique. À vous d’en tirer les conclusions !

 

 

Hommes (âge du décès)

 

 

Épouses (âge du décès)

 

 

Nombre d’enfants

 

Jeanne D… (1657-1742) : 85 ans.

 

4

Jean (1696-1756) : 60 ans

Marie L… (1689-1759) : 70 ans

 

6

André (1722-1785) : 63 ans

 

Gracy D… (1738-1798) : 60 ans.

6

Jean (1766-1822) : 56 ans

Anne P… (1763-1835) : 72 ans

 

5

Jean (1789-1859) : 70 ans

 

Jeanne D… (1796-1861) : 65 ans

7

Jean (1822-1898) : 76 ans

 

Jeanne C… (1838-1914) : 76 ans

2

Jean Jules C (1854-1925) : 71 ans

 

Jeanne (Marie) G… (1859-1932) : 73 ans

4

Jean (Alexis) (1879-1926) : 47 ans. Suites de la Guerre de 1914-1918.

 

Marguerite (Marthe) M… (1880-1966) : 86 ans.

2 enfants.

Pierre (Alphonse) (1917-1997) : 80 ans

 

Élise J… (1923-2018) : 95 ans

3 enfants.

Age moyen décès : 65, 4 ans

 

Age moyen décès : 75,8 ans

Moyenne : 4, 3 enfants.

 

Comment expliquer cette belle longévité ?

Une bonne génétique ? L’influence du patrimoine génétique dans la longévité ne serait que d'environ 15 à 25 %, alors que le mode de vie la déterminerait à 75 %.

Un nombre d’enfants moins important par famille, une certaine aisance alimentaire chez ces paysans relativement aisés et souvent propriétaires, une bonne solidarité familiale et intergénérationnelle à la campagne et entre voisins ? Le suivi « involontaire » et avant la lettre des bonnes recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé, à savoir : exercice physique, restriction calorique, alimentation à base de fruits et de légumes, faible consommation de viande rouge et de charcuterie ? 

 

L’espérance de vie en France avant 1909.

" L'espérance de vie à la naissance a été mesurée par année pour toute la population de France à partir de 1740. Avant cette date et dans les autres pays à cette époque, les données fiables manquaient. Elle est passée d'une moyenne décennale de 24 ans pour les hommes et 26 ans pour les femmes en 1740 à 79,1 ans pour les hommes et 85,1 ans pour les femmes en 2020. L'espérance de vie s'allonge dès 1749, avec une probable accélération avant 1740. De 1750 à 1870, d'importantes variations annuelles sont dues aux famines et aux épidémies. Il y a eu quatre diminutions importantes de l'espérance de vie pour cause de guerre qui ont touché plus les hommes que les femmes : les guerres napoléoniennes (1800-1815), la guerre franco-prussienne (1870), la Première Guerre mondiale (1914-1918), la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). L'espérance de vie à 25 ans (il s'agit du nombre d'années que les personnes de 25 ans vivraient en moyenne après leurs 25 ans si la mortalité par âge et sexe restait constante, pas l'âge moyen auquel ils mourraient) est passée de 32 ans en 1740 à 40 ans à 1870. L'intense mortalité infantile faisait qu'en 1740, une personne de 25 ans aurait en moyenne davantage d'années à vivre qu'un nouveau-né (avec les taux de mortalité par âge et sexe de 1740) ".

 

L'espérance de vie à 25 ans des nobles a pu être estimée pour une période antérieure à 1740.

" Pour les hommes, elle est passée de 35,6 ans avant 1550 à 40,5 ans entre 1600 et 1649, à 38,0 ans entre 1650 et 1679, à 42,9 ans entre 1770 et 1819. L'espérance de vie à 25 ans des femmes nobles était inférieure d’un à deux ans à celle des hommes. Elle était donc plus élevée pour les nobles que pour la population totale, mais beaucoup plus faible que l'espérance de vie à 25 ans de 2020 (54,8 ans pour les hommes, 60,6 ans pour les femmes). Avec les taux de mortalité par âge et sexe de 1730-1749, 24 % des nobles, mais 60 % de la population totale étaient décédées avant l’âge de 25 ans. Avec les taux de 1880-1909, ces pourcentages se réduisent à 17 % et à 29 %. La mortalité des moins de 25 ans a donc fortement diminué, surtout chez les non-nobles, mais est demeurée considérablement plus élevée qu’en 2020 (0,99 % pour les femmes, 0,63 % pour les hommes) ".

 

L’espérance de vie en France de 1900 à 2000.

" Depuis le début du XIXe siècle, période au cours de laquelle l'espérance de vie des Français était au plus bas avec une moyenne de 33 ans, celle-ci n'a cessé d'augmenter.

De 1900 à 2000, l’espérance de vie en France (moyenne des hommes et des femmes) est passée de 48 à 79 ans, soit une hausse de 65 % en un siècle seulement. Cette avancée a été le résultat de nombreux progrès :

  • sanitaires : prise en charge de la grossesse et des nourrissons, asepsie, antibiotiques, vaccinations, chirurgie, médecine dentaire, mais aussi campagnes contre le tabac et l’alcool, etc.
  • sociaux : allègement de la pénibilité du travail, congés payés, diminution du temps de travail, accès aux soins et à la scolarité, hausse du niveau de vie, réduction de l’extrême pauvreté et des carences alimentaires graves qui lui sont associées, accessibilité à la majorité d’un confort autrefois réservé à une élite : eau courante, électricité, chauffage, accès au logement, etc.
  • normatifs : politique de sécurité des transports, normes de sécurité dans les entreprises et les bâtiments, conservation des aliments par le froid, matériels de sécurité incendie ".

 

L’espérance de vie en France depuis 2000.

" En France, l'espérance de vie d'une personne est corrélée à son niveau de revenu, notamment pour les hommes. Ainsi, les 5 % des hommes français les plus riches ont une espérance de vie supérieure de treize ans à celle des 5 % les plus pauvres. L’écart est plus faible pour les femmes avec huit ans de différence " .

 

L’espérance de vie actuelle en France.

Actuellement, l’espérance de vie à la naissance est de 85,5 ans pour les femmes et de 79,4 pour les hommes. Il existe donc des différences selon le genre.


Des différences de longévité entre hommes et femmes.

« Les garçons naissent plus nombreux, mais meurent plus tôt. Le fait que l'espérance de vie des hommes soit de plusieurs années inférieures à celle des femmes dans presque tous les pays « suscite la réflexion et [...] questionne » les chercheurs, qui tentent des explications.

« Cet écart est paradoxal, les femmes vivant en moyenne dans de moins bonnes conditions sociales que les hommes (inégalité salariale, double journée…). On s'accorde généralement à penser, comme le synthétise Shervin Assari, que les facteurs biologiques (testostérone...) jouent un moindre rôle que les facteurs comportementaux (chez les hommes : acceptation plus élevée du risque, qu'il s'agisse de criminalité, de substances nocives, d'accidentologie, et plus généralement de mode de vie) ».


Notons que cette différence se retrouve également dans notre famille, nos ascendantes ayant vécu 11 ans de plus que leurs époux.

 

Répartition Hommes / Femmes des espérances de vie dans mon arbre pour 2 400 personnes (source : Filae.com).


En guise de conclusion…

Curieusement, depuis le milieu du XVIIe siècle et aux XVIIIe et XIXe siècles, nos ancêtres directs de la branche Gaüzère semblent avoir bénéficié d’une longévité bien supérieure à celle de leurs contemporains (hommes 65 ans, femmes 76 ans). En effet, parmi les 2 400 personnes figurant dans notre arbre, l’espérance de vie moyenne globale n’est que de 55 ans, de 53 ans chez les hommes et de 57 ans chez les femmes.

De plus, le nombre des enfants morts en bas-âge (avant l’âge de 5 ans) a été très faible. La mortalité liée à la grossesse a été inexistante même à des époques où les suivis de grossesse n’existaient pas. Bien entendu, nous ignorons le taux de fausses-couches. 

Enfin, parmi nos ancêtres directs listé dans le tableau, le nombre de grossesses (4,3 enfants par femme) ne semble pas avoir pesé dans la mortalité des mères, car parmi les 2 400 personnes figurant dans notre arbre, le nombre moyens d’enfants par femme n’est que de 1,55.

Quelles en sont les explications ? Un nombre d’enfants moins important par famille, une certaine aisance alimentaire chez ces paysans relativement aisés et souvent propriétaires, une bonne solidarité familiale et intergénérationnelle à la campagne et entre voisins ? Une bonne génétique ?

Qu’en est-il pour vous ?

 

Source 


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