Jean Duprat (1888-1922) : une jeunesse difficile, le Régiment des exclus métropolitains de Bourges, la désertion face à l’ennemi.

Dès l’âge de 21, Jean fait connaissance avec la Justice pour des pécadilles. Et ce n'est que le commencement des ennuis...

 

Jean est né le 28 juin 1888 à Saint-Yaguen (Landes). Il était le demi-frère de notre grand-mère paternelle (Marthe Miremont, épouse Gaüzère). Sylvestre, son père, s’était retrouvé veuf au début de l’année 1887 et avait épousé Marguerite Miremont (avec sa fille naturelle Marthe) la même année. Il eut pour frère Victor (1892-1917), Mort pour la France à Craonne ; Joseph, né et décédé en 1895 ; Vincent, né et décédé en 1896 ; et Victor (1901-1976). Toute cette branche Duprat n’a laissé aucune descendance.

 

Dès l’âge de 21, Jean fait connaissance avec la Justice.

Il est successivement condamné, toujours par le Tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan :

·      Le 24 février 1909, à 16 francs d’amende pour « port d’armes prohibées ».

·      Le 3 mars 1909, à 300 francs d’amende pour « colportage d’allumettes chimiques de fraude ».

·      Le 28 juillet 1909, à 28 francs d’amende pour « contravention à la police des chemins de fer ».

·      Le 24 août 1909, à huit jours de prison pour « délit de vol ».

 

Il accomplit son service militaire au 18ème Régiment d’Infanterie.

… du 8 octobre 1909 au 24 septembre 1911 et y obtint le fameux certificat de bonne conduite. Nous apprenons sur sa fiche militaire qu’il était cultivateur, mesurait 167 cm, et avait un degré d’instruction égal à 2, c’est-à-dire qu’il avait à peine été scolarisé.

Le 15 août 1912, il habitait à la maison Sérac, quartier des Mousserolles à Bayonne.

Le 14 juillet 1913, il habitait au 16 de la rue Frédéric Bastiat à Bayonne.

 

Le 31 août 1913, il s’engage pour 2 ans au 18ème Régiment d’Infanterie.

… mais est exclu de l’armée le 20 septembre 1913, au titre de l’article 4 de la loi du 21/03/1905 et affecté à la Section des exclus métropolitains de Bourges.

 

La loi du 21 mars 1905 sur le recrutement de l'armée.

 

" Sont exclus du service militaire et ne peuvent à aucun titre servir dans l'armée " les individus condamnés pour crime et les individus condamnés pour délit à une peine de deux ans d'emprisonnement ou plus.

Si les "exclus" étaient des condamnés à une peine infamante, considérés comme indignes de porter les armes, soulignons que Jean, n’avait jamais été condamné qu’à huit jours de prison et non pas deux ans, mais il tombait sous le coup d’un article qui mentionne « Les individus reconnus coupables de crimes et condamnés seulement à l'emprisonnement par application de l'article 463 du code pénal ».

 

Le 8 août 1914, nouvelle condamnation par le Tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan

… à 16 francs d’amende pour « Chasse sans permis, blessure à un chien et destruction d’un autre chien appartenant à autrui ».

 

Jean déserte face à l’ennemi.

Le 30/07/1916, Jean est condamné par le conseil de guerre de la tribunal de Guerre du 35ème Régiment d’Infanterie pour « désertion en présence de l'ennemi », à la dégradation, à 15 ans de détention et à 20 ans d'interdiction de séjour. Il est précisé : « Sur avis du directeur de la maison centrale de Clairvaux, le 1er août 1917 ». A-t-il été incarcéré à Clairvaux ?

 

Jean décède bien loin de chez lui, à l’âge de 34 ans, dans des circonstances inconnues.

Il est libéré par « suspension de peine » le 27/12/1921 et se « retire à Campagne » (d’après sa fiche militaire) où vivaient Marthe sa demi-sœur, son père et Victor, son seul frère rescapé, trop jeune pour avoir été Poilu. Mais, plus vraisemblablement, il reprit son baluchon, pour décéder peu après, le 19/02/1922 à 14 heures dans des circonstances non précisées, à Saint-Dizier en Haute-Marne, rue Thiers, bien loin de ses Landes natales.

 

La fiche militaire de Jean Duprat (source : AD40).


Sources

·     

 

 

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