Épidémie mortelle parmi le bétail de labour, à Campagne (Landes) en 1774.

Au tout au début de l’année 1775, le curé de Campagne (Landes) Jean-François Dutertre décrit dans ses registres paroissiaux, une épidémie dans le cheptel. Il utilise le terme savant et approprié d'épizootie.

Jean-François Dutertre (né vers 1737 et décédé à Campagne (Landes) le 11 août 1806 - après près d’un demi-siècle passé auprès de ses paroissiens - était le curé d'un vaste territoire qui recouvrait les paroisses de Campagne, Saint-Perdon et Saint-Orens.

« Cette année 1774, il a régné dans tous les pays de labour, Béarn, Basque, Chalosse, Armagnac et Gavaudan, une maladie épizootique sur les bœufs qui a tout ravagé et ruiné tous les lieux-dits pays.

L’épizootie fut arrivée jusque dans cette paroisse, mais heureusement, nous avons arrêté ou pour mieux dire la maladie a fini quasi l’an naissant.

Cependant, il est mort à Nerbis, trois vaches et deux bœufs, à Domingue deux bœufs, à Layat treize vaches, à Tauziat trois bœufs, à Jeanlaouillé quatre bœufs, à Mouret deux bœufs, à Larrouquet trois bœufs, à Grenade deux bœufs. Et dans le quartier de Siougos, il est mort quatre paires. Le mal n’a pas été bien considérable dans cette paroisse, respectivement aux lieux-dits pays et aux paroisses situées au midi de celle-ci. L’épizootie a partout emporté deux cent paires de bœufs ou vaches dans quatre-vingt-quinze paroisses » .

 

Source : AD Landes E dépôt 280 / 1505-106, pages 555/620.

 

Curieusement, cette épidémie a été très localisée

… dans un arc de cercle nord-est/sud-est du village d’une longueur d’environ deux kilomètres qui couvre exactement l’aire de répartition des Gaüzère de l’époque, évoquant une contamination par prêts d’animaux pour entraide familiale lors des labours, dans la famille. La fin de l’année, et donc la fin des labours, explique probablement la fin de la transmission d’animal à animal, car vaches et bœufs restent enfermés à l’étable jusqu’au printemps. 

C'est ce qui pourrait expliquer la fin de l'épidémie en début d'année 1775.

 

Bœuf des Landes à l'Écomusée de Marquèze (photo : B-A G.)
 

Il s’agissait probablement de la peste bovine.

Citons François Vallat (A. N., F12 151-152, correspondance du Contrôleur général Turgot). 

« Lors de la troisième épizootie, en 1769-1776, l’État se donna pour la première fois les moyens d’agir, sans parvenir d’ailleurs à des résultats concluants. La maladie, d’abord circonscrite dans l’extrême nord du royaume, fut accidentellement importée par bateau à Bayonne en mai 1774, d’où elle se propagea à tout le Sud-Ouest. Bordeaux fut atteinte en septembre, Toulouse en octobre. La région n’entretenant de commerce de bovins sur pied qu’avec l’Espagne, la péninsule ibérique fut entièrement ravagée tandis qu’était épargné le reste de la France. Une fois de plus, les flux commerciaux délimitèrent l’infection ».

 

« Les généralités de Guyenne et Gascogne, de Béarn et de Languedoc connurent alors une crise extrême, car on n’y utilisait pour les travaux agricoles et les transports marchands que des attelages de bœufs. Turgot, appelé au Contrôle général par le nouveau roi Louis XVI, ne prit conscience de la gravité des évènements qu’en novembre 1774 ».

 

Source

  • AD40 E dépôt 280 / 1505-106, pages 555/620.



 


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