Jeanne Duhau (vers 1657-1742) : notre « Ève »

Respect maximum ! Elle est notre ancêtre femme la plus ancienne, connue avec certitude.

L'auteur de ce blog est un descendant à la 9ème génération de Jeanne Duhau (Sosa : 577).

Les ascendants de Bernard Gaüzère jusqu’à Jeanne DUHAU

 

La branche Gaüzère qui nous est commune aux familles Besques, Latapy et Cazade-Dupont, remonte de façon certaine à Campagne jusqu’aux environs de 1657 avec la naissance de Jeanne Duhau qui épousa un Gaüzère dont le prénom ne nous est pas connu avec certitude.

La déduction de sa date de naissance repose sur son âge supposé porté sur son acte de décès (85 ans) par le curé Dutertre, car les registres paroissiaux de Campagne ne commencent qu’en octobre 1678 et vont jusqu’à fin 1679, puis reprennent en 1719. Soit 40 années d’une incommensurable perte, puis de nouveau perdus 1720 et en 1721, pour reprendre au mois d’août 1722. 

Donnons-lui la parole.

 

Mon patronyme Duhau

… est un nom rencontré dans le Sud-Ouest. C'est l'équivalent de Dufau (= du hêtre), avec transformation gasconne du f en h. Il s'agit donc d'un toponyme devenu anthroponyme. Autre origine : c’est celui qui appartient à la maison du forgeron (du gascon : haur).

 

J’habitais déjà à Campagne en 1679

… car j’y apparais domiciliée et " laboureur " et comme marraine dans l'acte de baptême de Jeanne Douganant (père Jean, mère Chaterine Duboust, parrain Pierre Dehez. Je ne savais pas signer mon nom.

 


 

« Le 13ème jour d’octobre de la présente année (1679) a été baptisée dans l’église paroissiale de Campagne, de Jeanne Douganant, fille légitime a Jean Douganant et a Chaterine Duboust, gens de labour, et habitant de la présente paroisse, parrain a été Pierre Dehez, et marraine Jeanne du Hau, aussi habitants de la présente paroisse et laboureurs, qui nont signé pour ne savoir a ce en qui par moy, Vavene curé de Cgne ».

Source : https://archives.landes.fr/ark:/35227/s0052cbf437cee94/52cbf8099a555

 

Le prénom de mon époux Gaüzère

… nous reste inconnu mais pourrait bien être Jean, car apparaissent comme témoins dans l’acte de naissance d’un de ses multiples petits-fils (Jean, né en 1728 à Jeanlaouillé), mon nom et celui d’un Jean Gahuzere qui pourrait bien être mon mari, à moins qu’il s’agisse de l’un des trois autre Jean qui composaient la famille à cette époque…

 

J’ai eu au moins trois fils

… mais plus vraisemblablement quatre : Pierre (1689-1769), Jean (1694-1756), André (1699-1749) et un autre Jean (dont les dates de naissance et de décès ne nous sont pas connues, mais qui a épousé Marie Tauziède dont il a eu au moins un fils et une fille).

Les trois premiers ont eu chacun six enfants, soit dix-huit cousins (dont onze garçons) qui ont répandu la semence Gaü dans tout Campagne et aux environs. Ce qui complique singulièrement les recherches, est la répétition des mêmes prénoms car parmi ces dix-huit cousins. Il y a eu cinq Jeanne, quatre Jean, trois Pierre. Le plus fort, c’est qu’au sein de la première branche (Pierre) il y a trois Jean et deux Jeanne parmi les frères et sœurs ; qu’au sein de la deuxième branche - celle de Jean dont nous sommes issus - il y a deux Pierre et une Jeanne ; et qu’au sein de la troisième branche - celle d’André - il y a deux Jeanne, un Jean et un Pierre !

 

Mon prénom a-t-il été à l’origine de l’épidémie de Jeanne(s) Gaüzère ?

Il y en a une cinquantaine dans non arbre, dont cinq parmi mes petites-filles, dont 18 en relation avec la propriété Jeanlaouillé (naissances, mariages, décès).

 

J’ai eu au moins 18 petits-enfants.

·     Tous appelés Gaüzère (Jeanne Duhau ne semble pas avoir eu de fille ou alors ses filles sont parties se marier en dehors de Jeanlaouillé ?), retrouvés à Campagne, mais il en a peut-être eu dans les communes voisines.

·      7 petites-filles : 5 Jeanne, 1 Catherine, 1 marie.

·      11 petits-fils : 4 Jean, 3 Pierre, 2 Etienne, 1 André, 1 Bernard.

·   Dont au moins un acte (naissance, mariage, décès) s’est déroulé dans les endroits suivants : JeanLaouillé (11), Mouret (3), Singuina (1), Pandelé (1), Bigné (1), Nerbis (1), Capderot (1), Domingue (1), Chourriou (1), c’est-à-dire dans la même partie ouest de la commune de Campagne-de-Marsan.

 

J’ai eu au moins 55 arrière-petits-enfants

·   Retrouvés à Campagne, mais il en en a sûrement d’autres dans les communes voisines : 32 Gaü, 11 Cazaux (au Singuina), 5 Cabanes (à Nerbis), 4 Baché, 2 Diris.

·   Dont au moins un acte (naissance, mariage, décès) s’est déroulé dans les endroits suivants : Jeanlaouillé (21), Singuina (17), Nerbis (8), Large (4), Cassoua-de-bas (3), Mouret (2), Pandelé (2), Domingue (2), Chourriou (2), Million (2), Larrouquet (2), Junca (1), Perruyon (1), Bourg (1), Menaut (1).

 

J’ai quitté cette terre à un âge canonique, avec les derniers sacrements et bien entourée par les miens

… le 9 septembre 1742 à JeanLaouillé, à l’âge canonique pour l’époque, de 85 ans environ, alors que j’étais veuve depuis bien longtemps.

Le neuf septembre 1742 est décédée dans la communion de l’église après avoir reçu les sacrements Jeanne Duhau veuve âgée d’environ quatre-vingt-cinq ans, son corps fut inhumé le lendemain avec les cérémonies accoutumées dans le cimetière de Campagne en présence de Jean Clabé et François de vives qui ont déclaré ne savoir signer.

           L’acte de décès de Jeanne Duhau, établi par le curé Dutertre en 1742, à JeanLaouillé.

Source : https://archives.landes.fr/ark:/35227/s0052cbf437dc310/52cbf8125d162

 

Je vous raconte ma vie en 1700.


D’après le contexte général de l’époque reconstitué par « Marie-Odile Mergnac, dans Le livre de mes ancêtres, Archives & Culture.

« À ma naissance, mon espérance de vie était à peine de 20 ans, mais si j'atteins cet âge et que je ne meurs pas en couches, j'ai encore bien des années devant moi. Je ne sais ni lire ni écrire, ni même signer mon nom, comme la plupart des femmes de ma génération ».

J'ai épousé un homme de mon village. Il est alors possible en théorie de se marier à 12 ans pour les filles et 14 ans pour les garçons, mais rares sont les noces qui se font à ces âges précoces. À peine 8 % des gens de notre génération restent célibataires, autant dire personne une fois déduits les très nombreux prêtres et religieux, les prisonniers et galériens... et sachant que les unions libres n'existent pas. Se marier, c'est vivre à deux et travailler à deux : souvent la seule façon de s'en sortir et de ne pas rester, surtout pour les femmes, dans un dénuement extrême. En cas de veuvage, les remariages sont très rapides, parfois quelques semaines à peine après le décès du conjoint précédent. Cette solution est urgente et indispensable s'il y a des enfants en bas âge. Elle n'est pas ensuite toujours idéale au quotidien : innombrables sont les contes où des marâtres maltraitent les enfants du premier lit pour privilégier les leurs. Cendrillon en est un exemple connu de tous ».

« Je n’ai eu que 3 (ou 4 enfants), alors que la moyenne habituelle est de 6 enfants par femme. Mes enfants sont tous nés à la maison avec l'aide d'une voisine, et j'ai survécu à chaque accouchement, ce qui n'est pas si fréquent.

Les familles qui ont 10, 12, 14 enfants, nés parfois de plusieurs mariages successifs, ne sont pas rares. Et comme chaque bébé doit être baptisé le jour de sa naissance ou dans les deux jours qui suivent, il faut choisir un parrain et une marraine... et en trouver suffisamment pour toute la fratrie. D'où le conte, repris par Grimm, de ce paysan pauvre qui, à force d'enfants, ne sait plus qui choisir comme marraine pour son douzième et dernier-né et demande à la mort de le prendre comme filleul. Car la mort est omniprésente. Sur mes 6 enfants, j'en perds 4 avant l'âge adulte, dont 2 à la naissance - et je prends alors des bébés en nourrice pour ne pas perdre mon lait et glaner un petit revenu ».

« J'aide mon mari aux travaux de notre petite ferme, du jardin et de la basse-cour, comme je le faisais déjà enfant chez mes parents. On considère à l'époque que celui qui a du pain pour le lendemain n'est pas pauvre. C'est notre cas, mais devons-nous pour autant nous considérer comme riches ? La vie est difficile. Pour gagner quelque sous supplémentaires en dehors du travail de la terre, nous utilisons à la maison un métier à tisser à bras. Nous produisons pour une petite clientèle locale, du village ou des alentours, et l'hiver pour des fabricants ou des marchands de la ville qui nous fournissent le fil et un peu d'argent en échange des toiles, draps et cotonnades tissées. Mon mari alterne les travaux des champs et cet artisanat selon la saison. Pour ma part, j'y travaille tôt le matin et tard le soir, les travaux du ménage, du jardin et de la basse-cour prenant le reste de la journée.

Je me sers parfois du mouvement du métier à tisser et de son bruit pour bercer mon dernier-né : l'ensemble du bâti fait bouger, en fonction de mes mouvements, la planche sur laquelle je suis assise et où j'ai posé le berceau du bébé ; et le bruit de la navette qui claque aux deux extrémités de façon régulière rythme son sommeil.

Si nous avons des moutons, j'en carde et j'en file la laine, que viennent ensuite m'acheter quelques marchands. En dehors de ces travaux, les artisanats spécifiquement féminins ne sont pas nombreux. Ce sont ceux qui demandent de très bons yeux et une grande précision manuelle, comme la dentelle (dans tout le pays) ».

« Et si nous vivons suffisamment vieux, nous sommes pris en charge par l'un de nos enfants », ce qui fut heureusement mon cas à JeanLaouillé.

 

Sources

  • AD40
  • Marie-Odile Mergnac, Le livre de mes ancêtres, Archives & Culture.

 


 



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