Deux très anciennes petites églises autour de Campagne (Landes).

Aujourd’hui fermées, elles témoignent de la richesse de la vie des quartiers dans les Landes d’antan, éloignés de plusieurs lieues des villages principaux, paroisses puis communes distinctes avant leurs rattachements. Beaucoup de nos ancêtres ont fréquenté ces églises avec leurs joies et leurs peines : baptêmes, mariages, enterrements.

Elles faisaient et font encore l’objet des balades à vélo de notre enfance et de nos enfants et petits-enfants autour de Campagne.

 

L'église Saint-Vincent-de-Ronsacq, un petit joyau du patrimoine gascon.

 

Sur votre GPS, pianotez 715 Route de la Chapelle, Meilhan (Landes) ou si vous souhaitez vivre dangereusement : 43° 50′ 51,68″ N, 0° 40′ 19,07″ O

 

 

 

Vous apercevrez de très loin son clocher, la forêt ayant fait place aux champs. Elle date du XIIe siècle, mais elle aurait été plusieurs fois modifiée au cours des siècles. « Elle présente un plan basilical à trois nefs, avec un transept et un chevet pentagonal. La nef centrale est couverte d'une voûte en berceau brisé, tandis que les nefs latérales sont voûtées d'arêtes. Le transept est couvert d'une voûte en croisée d'ogives ».

 

Sa particularité est son clocher qui est séparé de l'édifice principal, ce qui est rare. « Il est construit en pierre de taille et comporte deux étages, surmontés d'une flèche octogonale. Le premier étage est percé de deux baies géminées, tandis que le second étage est percé de quatre baies simples ».

Une autre particularité est sa nef inclinée sur le côté pour figurer la position de la tête du Christ sur la croix.

 

Occitan : Glèisa de St Vincenç de Ronsac, Melhan, Lanas, Gasconha

Français : Église St-Vincent de Ronsacq, Meilhan, Landes (Source : Wikipédia, auteur Pdbdt).

 

À l'intérieur quelle surprise d’y découvrir un retable du XVIIe siècle représentant la Crucifixion, ainsi que des statues et des tableaux des XVIIe et XVIIIe siècles. L'Église est classée Monument historique depuis le 23 décembre 1977. Encerclant l’église, des tombes très récentes avoisinent des tombes très anciennes.

Son grand béret noir visé de travers sur son crâne dégarni et avec son éternel sourire, le dernier bedeau du lieu qui habitait la petite maison basse et blanche qui jouxte l’arrière de l’église, Monsieur Bidaubayle, se faisait un grand plaisir d’extirper de sa poche la grosse clef, pour vous faire découvrir cette petite merveille, jusqu’à la fin des années 90.

À proximité, mais enfouie dans un amas de végétation qui la rend invisible, se trouve la Fontaine Saint-Jean (Houn de Yan Saoubole) qui attirait chaque 24 juin une foule de plusieurs centaines de personnes pour une procession qui menait de la chapelle à la fontaine et qui se terminait, comme toujours dans les Landes, par un festin.

Jusqu’à la fin des années 80, cette fête comprenait un bal sur une petite place aménagée sous les chênes, à quelques encablures de l’église.

 

L’église de Saint-Orens.

 

Sur votre GPS, pianotez Route de Saint-Orens, Saint-Perdon (Landes) ou si vous souhaitez vous perdre, tapez : 43° 53′ 42″ nord, 0° 36′ 14″ ouest

 

 



 

 

L’église Saint-Orens de Saint-Perdon (source Wikipédia 2011).


L’église Saint-Orens est l'élément dominant du quartier Saint-Orens, site naturel inscrit de 10,52 ha par arrêté ministériel du 22 octobre 1986 en tant que « site d'intérêt pittoresque ».

Le quartier Saint-Orens est très isolé au nord du bourg de Saint-Perdon. Il jouxte la rive gauche de la Midouze, un affluent de l’Adour.

 

Bâtie au XIe siècle, l’église, est dotée d'un clocher-mur dont les cloches datent de 1644. Elle est ornée d’une fresque de Claude Becq, un artiste peintre local. Elle est ceinte d'un mur qui délimite un enclos où huit vieilles pierres tombales sont encore visibles, cinq verticales et trois horizontales.


 

Cimetière de l’église de Saint-Orens (photo : BA Gaüzère, 2015).

  

L’église se situe tout au bout de la route asphaltée, à l’embranchement du chemin qui mène au moulin de Saint-Orens. Elle est actuellement entourée d’une forêt de pins. Cette région ne s’est entièrement couverte de forêts de pins que très tardivement, après que les veuves des Poilus de 1914-18 aient vendu leurs terres qu’elles ne pouvaient plus travailler seules, à un riche propriétaire de l’endroit M. Lacaze (source : J-Marie Miramon). 

 

Aquarelle de l'église de Saint-Orens sur la commune de Saint-Perdon (F. Ducamp, Wikipédia).

 

Qui était Saint-Orens ?

Orens était un Gaulois qui vivait sous le règne de l’empereur romain Valentinien III. Converti au christianisme, il parcourait la Gascogne afin d’évangéliser ses rudes habitants. Le roi catholique Wisigoth Théodoric, ayant rompu son alliance avec Rome, fut attaqué, en 422, par les armées romaines du général Litorius, un païen, qui assiégea Théodoric dans Toulouse, sa capitale. Théodoric dépêcha Orens, alors archevêque d’Auch (Gers), pour trouver un accommodement avec les Romains. Mais Litorius, qui était païen, poursuivit sa marche vers Toulouse. Les prières d’Orens et des Toulousains auraient provoqué un épais nuage qui entoura Litorius qui se serait égaré et fut vaincu et fait prisonnier. Après sa mort en 439 à Auch (Gers), Orens fut canonisé Saint-Orens.

Plusieurs églises du Grand-Sud-Ouest lui sont dédiées (Auch, région de Toulouse…).


Les paroisses puis communes de Saint-Perdon et de Saint-Orens.

 

C’est Saint Pardoux (Sant Perdos en occitan) qui a donné son nom à Saint-Perdon. Saint Pardoux a vécu au VIIe siècle dans la région de Guéret où il a fondé une abbaye et a vaillamment résisté à l’invasion des Sarrasins.

C’est l’abbaye de Pontaut, fondée en 1115, située bien loin au sud des Landes à Mant, qui possédait de nombreux domaines (dont Le Leuy et Ronsacq) qui a nommé Saint-Perdon et Saint-Orens probablement au XIIIe ou XIVe siècle. Saint-Perdon et Saint-Orens apparaissent dans l’inventaire des biens de l’abbaye de Pontaut en 1790, en vue de la vente des biens de l’église. Actuellement la salle capitulaire de l’abbaye de Pontaut, achetée en 1935, par la famille Rockefeller, se trouve à New-York.

La commune de Saint-Perdon a gardé son nom à sa création en 1812 et l’éphémère commune de Saint-Orens l’a rejointe en 1814.

La population de Saint-Orens est passée de 205 âmes en 1807, à 310 en 1819, à 166 en 1896 et à 175 en 1936.

 

Le patrimoine religieux chrétien landais.

 

Les Landes comptent 438 églises pour 331 communes, soit une moyenne de 1,32 église par commune.

Le patrimoine religieux chrétien landais est marqué par la diversité architecturale et l'inégalité de sa répartition sur le territoire. Les églises sont rares au nord du département faiblement peuplé en raison de ses sols ingrats. Elles sont plus nombreuses dans le sud du département peuplé de longue date, aux terres fertiles : les pays de l'Adour landais. « Les techniques et matériaux de construction présentent une grande diversité : calcaire taillé en Chalosse, moellons de garluche dans la Haute-Lande, pierre coquillière en pays de Marsan. La diversité concerne enfin les périodes de construction et la richesse architecturale ».

Nombre de ces églises jalonnent trois des quatre chemins de Saint-Jacques : la voie Limousine, la voie du Puy, la voie de Tours, complétées par le chemin côtier de la voie de Soulac. Avec 425 km de chemins traversant 120 communes, les vastes Landes possèdent le nombre de kilomètres le plus élevé de chemins de Saint-Jacques.

 

Un mélange de croyances.

 

Un mélange de croyances alliant la médecine au divin entraîne la fréquentation des fontaines souvent situées à proximité des églises. Près de deux cents communes des Landes ont possédé ou possèdent encore des sources miraculeuses patronnées par des saints guérisseurs, soit dix pour cent des fontaines de dévotion de France.


Autre témoignage d’une alliance de dévotion religieuse et de superstition, des pèlerinages autour de sports ou jeux populaires ont entraîné la reconversion de trois chapelles en sanctuaires sportifs consacrés à la Vierge : Notre-Dame-des-Cyclistes à Labastide-d'Armagnac (1959), Notre-Dame-du-Rugby à Larrivière-Saint-Savin (1967) et Notre-Dame-de-la-Course landaise à Bascons (1970).

 

Sources

  • Olivier De Marliave. Guide des sources guérisseuses des Landes de Gascogne. Éditions Sud-Ouest, 224 pages, ISBN 978-2-8177-0706-8

  • Archives départementales des Landes.









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