Aux confins de la forêt des Landes et de la région agricole et vallonnée de la Chalosse, et à une vingtaine de kilomètres au sud du parc naturel régional des Landes de Gascogne, Campagne-de-Marsan est une commune du sud-ouest de la France (Landes). Ses habitants sont les Campenoises et les Campenois, comme la plupart de nos ancêtres et nous-mêmes.
Le
Batanès, affluent gauche de la Midouze qui va se jeter dans l’Adour plus
au sud, prend sa source sur la commune. Le ruisseau du Houniou, affluent
droit de l'Adour, traverse Campagne. Le climat est du type « climat
océanique altéré » à savoir une zone de transition entre le climat
océanique et les climats de montagne et semi-continental. Les écarts de
température entre hiver et été augmentent avec l'éloignement de la mer. La
pluviométrie est plus faible qu'en bord de mer.
La première évaluation du nombre d'habitants remonte au premier recensement de 1793 qui a retrouvé 830 âmes. Puis après un pic de 1 136 habitants en 1868, la population a chuté à 682 habitants en 1975, avant de remonter à 989 habitants en 2021.
« Au sein de la forêt de pins et de chênes, on y cultive le maïs et les asperges et on y élève des poulets jaunes des Landes en totale liberté dans les marensines (petites cabanes en bois de pins) ».
Le Pays de Marsan.
Marsan viendrait de ar : eau tranquille ou marais, ou de aar : rivière, et de an : contrée ou pays.
Campagne-de-Marsan est situé dans le Pays de Marsan constitutif des Petites-Landes. Sa capitale historique est Mont-de-Marsan. L'actuel pays de Marsan a pour origines l'ancienne vicomté de Marsan en Gascogne, établie à la fin du Xe siècle comme plusieurs vicomtés gasconnes.
Le vicomté de Marsan dans le Duché de Vasconie (1150). © Zorion, CC-BY-SA, Wikimedia Commons. |
Situé sur le bassin de la Douze et du Midou, le Marsan comprend le bassin supérieur de la Midouze et est délimité au sud par l'Adour et la Chalosse, au sud-est par le Tursan, à l'est par le Bas-Armagnac, au nord par la Haute Lande, à l'ouest par l'Aguais, c’est-à-dire le pays dacquois.
Histoire
Il existe très peu de données sur l’histoire de ce village très banal. Le seigneur du lieu, Raymond de Campagne ( ?), y aurait construit un château sur une colline, dont il ne reste aucune trace. La légende fait état d'un tunnel sous la rivière Midouze, mais sans aucune preuve. Un relais de poste se trouvait à l’ouest sur la route de Meilhan au lieu-dit actuel la Poste, tenu au XIXe siècle par M. Darroze, ancien maire de la commune et ancêtre d’Alain Juppé du côté maternel, ancien maire de Bordeaux et ancien Premier ministre (1995-1997).
Carte de Cassini de Campagne entre 1756 et 1815 (source : BnF / Gallica). |
Cette carte nous apprend que vers 1780, la paroisse de Campagne, peuplée de quelques centaines d’âmes, comptait quatre moulins alimentés par des ruisseaux : le moulin du Blay, le moulin du Fray, le moulin Le Grand et le moulin de Sourbe. Ce nombre témoigne de l’importance locale de l’agriculture de subsistance. Les céréales et leurs farines représentaient alors environ 80 % de l’apport nutritionnel. Un autre moulin, qui n’apparaît pas sur la carte de Cassini, mais qui est mentionné sur le cadastre de 1811, existe encore sur le ruisseau Le Batanès, affluent gauche de la Midouze, au nord du village, avec un grand étang de retenue. Les bâtiments de ce moulin qui appartenait à la famille De Guitard dont la vaste demeure est située en vis-à-vis, ont été réhabilités il y a quelques décennies.
Édifices et sites
L’église de Campagne
Elle est placée sous la protection de Saint-Pantaléon. Sa girouette représente une salamandre opposée à un canard. Si la salamandre pointe à l’ouest, la pluie n’est pas loin. Si le canard pointe son bec, c’est l’inverse.
À droite du porche, se trouve l’enfeu du Comte Jean-Victor de Marsan, curé de Campagne, décédé au presbytère, le 27 avril 1868 à l’âge de 59 ans. Il était né à Cassat (Basses-Pyrénées). Son père était Jean Alexandre, comte de Marsan, et sa mère était Marie Blaa de Navailles. (Source : https://archives.landes.fr/ark:/35227/s0052cbf437d4ff9/52cbf80d51067)
Enfeu du Comte Victor de Marsan, curé de Campagne (source : Jacques Gaüzère, 2024). |
Après le décès de l’abbé Magloire, le vieux presbytère sombre et insalubre a été démoli dans les années 70 pour faire place, tout d’abord à un terrain de pétanque, puis à la salle des sports, transformée en salle des fêtes.
L’église a été entièrement rénovée en 2017-2018, pour un montant de 450 000 euros.
Le patron de Campagne est Saint-Pantaléon
… dont la vie a été racontée par l'abbé L. Jaud dans la Vie des Saints pour tous les jours de l'année, avec une prière et des pratiques à la fin de chaque vie, et des instructions sur les fêtes mobiles.
Il est né en 275 et est mort en 303 ou 305. Son père était païen et sa mère chrétienne. Pantaléon ou Pantéleimon vivait à Nicomédie, ville d'Asie Mineure qui se trouve aujourd’hui en Turquie sous le nom d’Izmit. Il finit par oublier les principes inculqués par sa mère dans son enfance. Médecin, l'empereur Maximien-Galère le choisit comme médecin et voulut l'avoir à sa cour. Hermolaüs, un prêtre chrétien, résolut de le ramener à la foi chrétienne : " À quoi, lui dit-il, vous serviront vos connaissances, si vous ignorez la science du salut ?"
« Un jour qu'il se promenait dans la campagne, Pantaléon vit un enfant mort, une vipère auprès de lui. Inspiré par la grâce, il dit : " Enfant, lève-toi, au nom de Jésus-Christ ! ". Puis à la vipère : " Et toi, méchante bête, reçois le mal que tu as fait." L'enfant se releva vivant, et la vipère demeura inerte sur le sol. Pantaléon n'hésita plus à se faire baptiser.
Un autre jour, un aveugle vint le trouver et lui dit : " J'ai depuis longtemps employé sans effet tous les remèdes ; on m'a dit que vous êtes très habile médecin ; pourriez-vous me secourir ? Je vous guérirai, dit le médecin, si vous vous engagez à devenir chrétien". L'aveugle promit et fut aussitôt guéri par l'invocation de Jésus-Christ. Témoin de ce miracle, le père de Pantaléon, reçut le baptême en même temps que l'aveugle guéri.
Pantaléon vendit tous ses biens et ne garda plus que ses revenus de médecin. Des collègues jaloux le dénoncèrent comme chrétien et il fut condamné à la décapitation par les Romains. Il échappa à plusieurs tentatives de décapitation et fut canonisé plus tard sous le nom de Pantaleone (ce qui signifie « Tout Lion » en grec) en reconnaissance de son courage de lion.
En France, une douzaine d'églises et de communes portent le nom de Saint-Pantaléon, ainsi que ses déclinaisons en Saint-Pandelon ou en Saint-Pantaly dont les communes de Dordogne, Saint-Pantaly-d'Ans et Saint-Pantaly-d'Excideuil.
La fontaine de Saint-Pantaléon
… située à l'arrière de l'église, aurait la vertu de faire parler les enfants retardataires. Très facilement accessible, car au cœur du village, tout au bord de la route, elle comprend un petit bassin avec une rigole, la circulation de l'eau se fait à l'aide d'une pompe. L’eau y aurait été assez pure et vive pour alimenter une cressonnière dans les années 1950. Elle donnait lieu à une procession le 4ème dimanche de juillet, avec la lecture d’un passage des évangiles.
Elle a été entièrement rénovée, puis de nouveau consacrée le 23 juillet 1990.
Fontaine Saint-Pantaléon (source "miraculeuse": Jacques Gaüzère, 2024) |
Près de deux cents communes des Landes ont possédé ou possèdent toujours des sources patronnées par des saints guérisseurs.
D’autres sources, notamment en Auvergne sont consacrées à Saint-Pantaléon, mais elles auraient la vertu d’aider les enfants retardataires à marcher. Avec Saint-Luc, Saint-Pantaléon est l’un des deux patrons des médecins.
Le monument aux morts
Situé sur la place de Mai 1945, sur le flanc droit de l’église, 23 poilus campenois Morts pour la France en 1914-18 y figurent, ainsi qu’une dizaine de Campenois morts pendant les autres conflits du XXe siècle.
Le monument aux morts de Campagne (source : http://www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/resultcommune.php?idsource=23980) |
Les commerces.
Les trois bistrots, les deux restaurants, l’hôtel, les deux boucheries, les deux épiceries, le garage automobile, la station-service, ont fermé les uns après les autres, comme dans la plupart des villages de cette taille. En 2024, il ne reste plus qu’une boulangerie-librairie située en face de l’église, un cabinet médical, un garage automobile et un atelier de fabrications de portes-fenêtres.
La carrière.
Elle est improprement appelée carrière de Saint-Martin-d’Oney, car elle est située le long de la route qui mène à ce village. Un lac artificiel la jouxte, qui résulte de l’extraction du sable. La carrière est située tout au nord de Campagne sur la rive gauche de la Midouze.
À la période du Miocène inférieur qui s’est étendue de -23 Ma à -5,3 Ma, l’océan recouvrait une grande partie de l’Aquitaine. En se retirant, l’océan a abandonné d’abondants dépôts marins et lacustres, très riches en fossiles, qui se sont sédimentés en une pierre qui est exploitée depuis le XVIIIe siècle, dite pierre coquillière. Ces fossiles découverts très nombreux dans la carrière de Campagne intéressent les paléontologues.
Blasonnement
De gueules au clocher de l'église du lieu mouvant de la pointe, adextré d'un canard et senestré d'une salamandre contournée regardant vomissant des flammes, le tout d'argent, au chef cousu d'azur chargé d'un léopard accosté de deux fleurs de lys, le tout d'or. |
Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17563309 Création : Jean-Joël Picard et Jean-Paul Fernon, adoptée par délibération du Conseil municipal en mai 2006.
Traditions
L'arbre de mai
« À Campagne et dans les Hautes-Landes en général, le premier mai est l’occasion de planter l’arbre de mai, soit un jeune pin, en l’honneur d’une personne : 18 ans, âge rond (20, 30, 40…), retraite, naissance, d’un groupe de personnes (mariage) ou des élus locaux ».
« La tradition de l’arbre de mai est un rite de fécondité lié au retour de la frondaison. Jadis répandu dans toute l’Europe occidentale, ce rite prend son sens dans le cycle du mai traditionnel. Un pin décoré, encore appelé un « mai », est planté devant la maison de la personne en son absence. Ensuite, celle-ci doit inviter les planteurs pour un pot (la « maillade » ou « mayade ). En automne, l’arbre mort est enlevé, ce qui donne un nouveau prétexte à un deuxième apéritif ou à une petite fête. Cette tradition permet de renforcer les liens avec son voisinage ».
La course landaise.
« Campagne possède ses propres arènes dans lesquelles se déroulent plusieurs fois par an des courses landaises, à Pâques et au mois de juillet. Il s’agit d’un sport traditionnel pratiqué essentiellement dans les départements des Landes et du Gers, géré par la Fédération française de la course landaise. Sport traditionnel des Gascons, elle est aujourd'hui encore l’événement central des fêtes de villages. Sa forme moderne date de 1830 ».
Les anciennes arènes de vieux bois, très exposées à l’incendie, ont été détruites et ont fait place à de nouvelles arènes non couvertes et plus petites.
Jeune écarteur landais à l'entraînement dans les arènes de Campagne (B-A Gaüzère 2022). |
Les écarteurs landais sont des sportifs de haut niveau qui affrontent des vaches de combat de race espagnole nommées « coursières », élevées par des ganaderos implantés dans les Landes, principalement entre Dax et Aire-sur-l’Adour. Chaque élevage possède sa cuadrilla et ses couleurs.
« La course à la cocarde, pratiquée à l’entracte de la course landaise formelle, sert de rite initiatique de passage à l’état adulte, aux jeunes Landais ».
Les grandes soirées conviviales
Banquets de la paroisse, banquet des chasseurs, banquet du comité des fêtes, banquet du troisième âge, soirées caritatives, lotos, vide-greniers et autres fiestas, réunissent bruyamment chaque fois, quelques centaines de personnes.
Le vaste boulodrome qui peut accueillir plusieurs dizaines d’équipes, est très connu dans le département pour ses concours de pétanque.
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Sources
- Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, avec une prière et des pratiques à la fin de chaque vie, et des instructions sur les fêtes mobiles. 714 pages. Tours, Mame éditeur, 1836.
- Le petit livre des saints - Rosa Giorgi - Larousse - 2006 - (ISBN 2-03-582665-9)
- Vicomte de Marsan (Source : AD40 Campagne-Décès-1852 - 1868-4 E 61/16).
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