Louis Henri, Auguste, Joseph Hourcade (1885-1928), seul médecin à Campagne-de-Marsan de 1913 à 1928

Il a été le seul médecin de Campagne-de-Marsan (900 habitants) et des environs, de 1913 à 1928.


Il a vu le jour le 25 août 1885, à Maslacq (Basses-Pyrénnée), dans un milieu aisé, comme en témoignent la profession du père et la qualité des parrains, dont le sous-préfet de Saint-Sever qui lui donna le prénom de Louis. Romain, son père était entrepreneur et âgé de 25 ans à sa naissance. Sa mère était Lucie Costedoat-Boy, également âgée de 25 ans. Les témoins étaient Louis de Larissat, sous-préfet de Saint-Sever (44 ans) et Vincent Capderoque, instituteur (46 ans).
 
Acte de naissance de Louis Henri, Auguste, Joseph Hourcade (AD64)  (https://earchives.le64.fr/archives-en-ligne/ark:/81221/r24265zckzq65k/f186?context=ead::FRAD064003_IR0002_G1010).

 

Sa fiche militaire nous le fait mieux connaître.

 
Il mesurait 1,74 cm - une taille respectable pour l’époque - et ses yeux et ses cheveux étaient couleur châtain.
Le 22 novembre 1904, alors qu’il est étudiant en médecine à Bordeaux, il est engagé volontaire pour une durée de trois ans : une façon d’avoir ses études prises en charge par l’Armée ? Mais sa carrière militaire tourne court, car il est mis en disponibilité le 23 septembre 1905 et rayé des cadres pour raison de santé. Rendu à la vie civile, il habite à Bordeaux, cours Victor Hugo en 1905, puis rue Saint-Catherine en 1906.
Rappelé pour la Guerre, il est réformé par décision présidentielle du 5 mars 1914. Cette décision fut rendue définitive le 26 avril 1917, par la commission de réforme de Mont-de-Marsan, pour « Ancienne bronchite spécifique », puis plus précisément pour « Tuberculose pulmonaire ». Pour que l’armée décide de se passer des services d’un médecin, en temps de guerre, il fallait que la maladie soit très invalidante !

 

iche militaire de Louis Henri, Auguste, Joseph Hourcade (AD64) (https://earchives.le64.fr/archives-en-ligne/ark:/81221/r89478zstwpr9k/f1?context=militaire::117512).


Thèse de doctorat en médecine soutenue à Bordeaux, le 23 février 1910.

Il était Externe des Hôpitaux. Sa thèse est dédiée à ses parents et à la famille Rouède.
 
Hourcade, Louis-Henri-Auguste-Joseph. “Contribution à l'étude de l'action uricolytique du foie du chien" (https://www.babordnum.fr/items/show/6721).   

 

Le contexte historique

 

« À partir de 1900 jusqu’à 1910, grave épidémie de rougeole en Europe (jusqu’en 1910). En 1901, on dénombre 15 000 médecins, début de la radiologie, découverte des groupes sanguins et du procédé pour suturer les vaisseaux sanguins, apparition des premiers sanatorium dans le Jura. En 1902, la vaccination anti-variolique est obligatoire pour les bébés ».
« Grâce aux progrès de la médecine, aux lois scolaires et aux mesures d’État en matière de santé publique, la mortalité diminue, notamment celle des enfants. En 1906, invention du vaccin contre la coqueluche ».
« En 1912, début de l’aviation militaire. En 1913, le service militaire passe à trois années ».
« L’alphabétisation poursuit sa progression : en 1913, moins de 5 % des conscrits ne savent ni lire ni écrire. 1,6 % des hommes ne savent pas signer leur acte de mariage, contre 2,7 % pour les femmes ».
« En 1911-1913, on dénombre 20 000 médecins en France, mais les conditions sanitaires demeurent sont encore médiocres (sur un million d’habitants, 2 136 meurent de la tuberculose) ».

Mariage à Campagne

Le 27 octobre 1910, Louis Henri, Auguste, Joseph Hourcade épouse, à Campagne-de-Marsan, Marie-Joséphine Cazenave, née à Campagne, le 28 septembre 1888. Marie-Joséphine est la fille de feu Pierre Cazenave (décédé à Campagne le 5 février 1909) et de Marie-Louise Réélzard, propriétaire, âgée de 51 ans qui était l’une des filles de l’instituteur et secrétaire de mairie, Jean Réélzard, lui aussi originaire de Maslacq dans les Basses-Pyrénées. Marie-Joséphine est décédée le 31 août 1979, à Mont-de-Marsan.

Le grand-père de Marie-Joséphine et son époux étaient originaires du même village pyrénéen : coïncidence ou acquaintances familiales ou géographiques ? L’un des témoins du mariage était Marie Réélzard, tante de l’épouse, âgée de 49 ans.

L’histoire ne nous dit pas comment Hourcade fit la connaissance de sa future épouse et pourquoi il a choisi de s’installer à Campagne. Mais le patois des Landes étant très proche de celui des Basses-Pyrénées, il n’eut certainement aucune difficulté à se faire comprendre de ses patients.

De cette union, sont nés deux enfants à Campagne : Lucie Émilie, née le 9 août 1912 qui a épousé François Gabriel Lamothe le 4 juin 1936, à Campagne, et est décédée le 11 octobre 1992 à Aire-sur-Adour (Landes) ; Pierre Paul, né le 25 septembre 1915 et décédé le 17 mai de l’année suivante.

L’histoire ne nous dit pas où a exercé le Dr Hourcade en 1910, 1911 et au cours du premier semestre 1912. Mais, en 1913, il était le seul médecin de Campagne-de-Marsan (Per In 12/1-8/1-Annuaire statistique, administratif, industriel et commercial des Landes).

Le recensement de 1921, le retrouve habitant la maison dite « Docteur » dans le bourg-de-bas, avec son épouse, leur fille Lucie (née en 1912) et sa belle-mère, Marie-Louise Réélzard (née en 1859), veuve Cazenave. La maison d’à côté, dite maison « Réélzard » est habitée par Marie-Joséphine (née en 1861), épicière-patron, et sa sœur Marie-Jeanne (née en 1862).
Idem pour le recensement de 1926, mais Lucie n’habite plus avec ses parents.
Le recensement de 1931 retrouve les veuves Hourcade et Cazenave, sa mère, et Lucie Hourcade. Les deux autres sœurs Réélzard habitent toujours au même endroit.

Le Dr Hourcade est décédé le 2 mars 1928, à l’âge de 42 ans. En se référant aux mentions portées sur sa fiche militaire, cette mort prématurée est très vraisemblablement en rapport avec une insuffisance respiratoire de type restrictif, dû à l’importante amputation du parenchyme pulmonaire par la tuberculose.
Son successeur a été le Docteur Jean-Baptiste (René) Bats (1888-1959), natif de Campagne.

Comment un médecin a-t-il pu mourir de la tuberculose en 1928 ?

Hourcade avait été réformé en 1905, à l’âge de 20 ans. Cela signifie que la tuberculose avait déjà fait beaucoup de dégâts dans son organisme et qu’il l’avait contractée, bien avant le début de ses stages à l’hôpital. Son décès plus de 20 ans après avoir contracté la tuberculose, démontre que l’infection n’était plus évolutive, sinon, il serait décédé plus rapidement. Ce sont les séquelles pulmonaires qui l’ont emporté, c’est-à-dire les destructions étendues des poumons, qui l’âge venant, l’ont empêché de s’oxygéner correctement : une fin lente, une asphyxie au fil des infections grippales des hivers, un périmètre de marche très réduit et l’incapacité du moindre effort, au fil du temps.

Citons Camille Locht : « Jusqu’au début du XXe siècle, le seul remède était le repos dans un sanatorium, de préférence en altitude. Il est vrai que ce « traitement » a occasionnellement abouti à la guérison, peut-être parce que le repos, le calme, le bon air et la bonne nourriture contribuaient à renforcer le système immunitaire, lui permettant ainsi de quelque peu contrôler la maladie. Cependant, les rechutes étaient fréquentes, montrant que ces séjours en sanatorium ne permettaient pas, en fait, une vraie guérison, durable dans le temps ».

« La deuxième grande avancée dans la lutte contre la tuberculose a été la découverte du premier antibiotique actif contre M. tuberculosis : la streptomycine. Découverte par Selman Abraham Waksman en 1943, la streptomycine a montré son efficacité en monothérapie dans un essai clinique randomisé 3 ans plus tard. Cependant, dès les premières utilisations, les premières souches résistantes à cette antibiothérapie ont émergé, mais au vu du succès du traitement de la tuberculose par antibiotiques, un effort considérable a été déployé pendant une bonne dizaine d’années, entre 1950 et 1963. Cette période a vu naître l’ensemble des anti-tuberculeux encore aujourd’hui en usage, comme l’isoniazide (en 1952), le pyrazinamide (en 1954), l’éthambutol (en 1961) et la rifampicine (en 1963). Aujourd’hui, la tuberculose peut être efficacement traitée, pourvu que le patient observe le régime complet du traitement et ne rencontre pas de germe résistant »
.

Sources

 

  • AD 40
  • Thierry Sabot. Contexte France, Editions Thisa.
  • Camille Locht. La tuberculose, une histoire toujours d’actualité. Med Sci (Paris), 32 6-7 (2016) 535-536. DOI: https://doi.org/10.1051/medsci/20163206001

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