Soldats Gaüzère Landais " Morts pour la France" entre 1914 et 1918.

Dix mille et cent quatorze Landais sont "Morts pour La France" entre 1914 et 1919, sans compter les décès tardifs ou après réforme qui n’apparaissent pas dans les livres d’Or des communes.

 

Par le Centre de généalogie des Landes (2005).

 

1-   Le départ pour la guerre en août 1914.

 

« En France, et donc dans les Landes, le tocsin des églises sonne le premier août 1914, c'est la mobilisation générale.  Quatre jours plus tard les premiers Landais, des gamins de 20 ans, gagnent les casernes de Mont-de-Marsan et de Bayonne. Ils prennent ensuite le train pour l'Est. Contrairement à l'image du soldat qui part la fleur au fusil, ce qui est plutôt de la propagande de l'époque, les Landais partent, bien sûr, avec la peur au ventre, avec la tristesse de la séparation avec leur famille, mais aussi avec en tête qu'ils partent alors que la moisson n'a pas encore commencé. Plus de 60 % des Landais qui partiront au front sont issus du monde agricole[1] ».

 

2 - Un Landais sur quatre a été envoyé au front.

 

« La première bataille pour les Landais, avec les Basques et les Béarnais dans le 18ème Corps d'Armées, ce sera la bataille des frontières, à Charleroi, en Belgique. Le 22 août, lors de cette bataille, plus de 20 000 hommes vont périr en une journée ». 

« Durant tout le conflit, 78 000 Landais vont être mobilisés[2]. Il faut rapporter ce chiffre à la population du département à l'époque. Selon les archives de la Préfecture, la population des Landes, au 20 juin 1914, est de 288 902 habitants. C'est donc un Landais sur quatre qui est envoyé au front. Et plus de 12 000 d'entre eux ne reviendront jamais de la guerre. Un chiffre qui ne prend pas en compte les disparus. Huit pour cent des hommes du département sont morts durant le conflit. Le département des Landes est l'un des dix départements français qui a eu le plus de mort au front. Une des explications serait que le département est très rural, que plus de 60 % des Landais envoyés au front sont des agriculteurs. Or les urbains, plus éduqués, étaient moins en première ligne que les agriculteurs qui formaient le plus souvent l'infanterie ».  

 

Des soldats français du général Gouraud avec leurs mitrailleuses positionnés dans les ruines d'une église près de la Marne, repoussant l'assaut des Allemands. 1918 (date précise inconnue). Central News Photo Service. (War Dept.) NARA FILE #: 165-WW-286-36 WAR & CONFLICT BOOK #: 619

 

3 – La qualité de Mort pour la France.

 

« Dès 1914, la qualité de « Mort pour la France (MPF) » est attribuée aux civils et aux soldats victimes de la Première Guerre mondiale ; ainsi, tout au long du conflit, le ministère de la Guerre tient à jour un fichier de tous les soldats honorés de cette mention qui répondait à des critères précis : seules les personnes décédées entre le 2 août 1914 et le 24 octobre 1919, morts sur le champ de bataille ou à cause de dommages directement imputables au conflit, étaient susceptibles de la recevoir.

 

4 - Seize Gaüzère ont été déclarés Morts pour La France entre 1914 et 1918.

 

… dont quatre appartenaient à de notre famille (éloignée) : Gaston (né à Saint-Pierre-du-Mont, 1896-1917), Jean (né à Saint-Perdon, 1889-1917), Jean Noël (né à Campagne, 1892-1916) et Ernest (né à Meilhan, 1894 - 1918).

 

Ces Gaüzère étaient domiciliés dans les communes suivantes, lors de leur mobilisation :

·      Aurice (1) : Jean Noël.

·      Benquet (1) : Jean.

·      Campagne (1) : Jean.

·      Carcarès (1) : Léon ?

·      Geloux (3) : Jean, Jean, Victor-Baptiste.

·      Lesgor (1) : Raphaël.

·      Tartas (4) : Jean, Marcel, Noël, Raoul.

·      Saint-Martin-d’Oney (1) : Jean.

·      Saint-Pierre-du-Mont (1) : Gaston.

·      Vielle-Tursan (1) : Jean-Baptiste.

·      Villeneuve (1) : Ernest.


 

5 - Qui étaient-ils ?

 

Un seul était natif de Campagne, les autres étaient nés dans des communes voisines ou plus éloignées (Villeneuve-de-Marsan).

Trois étaient mariés et treize étaient célibataires.

Le plus jeune avait 20 ans et le plus âgé 40 ans. Leur âge moyen était 25,9 ans.

Le plus petit mesurait 158 cm et le plus grand 173 cm. Leur taille moyenne était de 163,4 cm.

Tous étaient agriculteurs, sauf un qui était charron (Raoul).

 

·      Situation militaire

Les deux plus gradés étaient caporaux. Tous les autres étaient de simples soldats, le plus souvent de 2ème classe. Un seul était engagé volontaire (Raoul).

Un avait pu obtenir un « sursis agricole » d’une durée d’une à trois semaines aux mois d’août 1916, avant son incorporation.

 

·      Leur degré d’instruction.

Un était de degré 0 (c’est-à-dire qu’il n’avait jamais été scolarisé) ; 7 de degré 2 ; 8 de degré 3 .

Aucun n’était degré 4 (brevet de l'enseignement primaire) ou 5 (bacheliers, licenciés).

 

Signification des degrés d'instruction : 0. ne sait ni lire ni écrire ; 1. sait lire ; 2. pour le jeune homme qui sait lire et écrire ; 3. sait lire, écrire et compter ; 4. brevet de l'enseignement primaire ; 5. bacheliers, licenciés, etc.

 

·      Leur santé.

Le nombre de Gaüzère réformés pour inaptitude physique ou mentale n’est pas connu. Deux avaient obtenu un sursis temporaire d’une année pour « état de faiblesse ».

 

5 - Les années et les circonstances des décès.

 

Un est décédé en 1914 ; 3 en 1915 ; 4 en 1916 ; 2 en 1917 et 6 en 1918.

Un est décédé de tuberculose quelques mois après avoir été réformé, à son domicile à Saint-Martin-d’Oney. Deux autres sont morts de maladie non précisée (Château-Thierry, Tunisie).

La plupart sont morts au combat. Deux sont décédés à l’Étranger (Tunisie, Allemagne en captivité).

 

Gaston Gaüzère (famille) : Bernard Gaüzère est un fils d'un cousin au 7ème degré de Gaston.

Né le 13/05/1896 à Saint-Pierre-du-Mont. Taille 160 cm, degré d’instruction 3.

Ajourné un an pour « faiblesse » en 1915. Sursis agricole du 8 au 28 août 1916.

Soldat de 2ème classe au 67ème R.I. « Évacué pour blessure, le 31/08/1917 » et décédé le jour même à Verdun (Meuse).

 

Jean Gaüzère (famille) : Bernard Gaüzère est un fils d'un cousin au 7ème degré de Jean.

Né le 14/03/1889 à Saint-Perdon. Taille 162 cm, degré d’instruction 2. Habitait à Benquet lors de son incorporation. Soldat au 144ème R.I. Tué à l’ennemi le 1/06/1917 à Moulin-Rouge, Beaurieux (Aisne). Inhumé initialement à Vassogne (Aisne), puis à Pontavert (Aisne) à la nécropole nationale, tombe n° 5242.

 

Jean-Noël Gaüzère (famille) : Bernard Gaüzère est un petit-fils d'un cousin issu d’issus de germains de Jean-Noël.

Né à Grand-Brouquère, Campagne, le 24/12/1892. Taille 158 cm, degré d’instruction 3. La famille a ensuite migré à Aurice où Jean-Noël a été répertorié sur le monument aux morts. Soldat au 144ème R.I. Disparu au combat de Missy-au-Bois le 10/07/1916. Interné en Allemagne. 

Né à Grand-Brouquère, Campagne, le 24/12/1892. Taille 158 cm, degré d’instruction 3.

La famille a ensuite migré à Aurice où Jean-Noël a été répertorié sur le monument aux morts.

Soldat au 144ème R.I. Disparu au combat de Missy-au-Bois le 10/07/1916. Interné en Allemagne.

Mort en captivité ( « pneumonie maladie contractée en captivité » ) le 16/11/1918 à 25 ans, au Lazaret du Camp (Kriegsgefangenenlager Stendal), soit 5 jours après l’armistice.

 

Vue de 3 soldats prisonniers au  2ème camp n° 4504 de Stendal. Carte écrite par l'un deux, du nom de Saulet Albert du 4ème d'infanterie (celui de droite). Source : http://prisonniers-de-guerre-1914-1918.chez-alice.fr/


Le camp principal était situé à environ 3 km au nord-est de la ville dans un terrain d'entrainement des hussards et pouvait accueillir 15 000 prisonniers. Le camp a été fermé en janvier 1919. Il semble qu'il y avait un camp annexe dans la commune de Tangermünde (10 km au sud-est de Stendal).

Inhumation à Sarrebourg (Moselle), à la nécropole nationale des prisonniers de guerre, tombe n° 10641.

 

Ernest Gaüzère (famille) : Bernard Gaüzère est un petit-fils d'un cousin au 6ème degré d'Ernest.

Né le 14 novembre 1894, au Grand-Payet à Meilhan. Taille 161 cm. Degré d'instruction 0.Mobilisation militaire le 16 décembre 1914. Ajourné un an pour « faiblesse en 1914 ». Arrivé au 50ème Régiment d'Infanterie. Passé au 412ème Régiment d'Infanterie le 23/03/1915. Parti en campagne le 06/04/1915. Disparu le 11/06/1918 à Neuvy (Oise).

 

Raphaël Gaüzère

Né le 24 octobre 1894 à Téoulère, Bégaar. Taille 161 cm, Degré d'instruction 2. Caporal au 57ème R.I. Coloniale au corps expéditionnaire d'Orient. Décédé à l'hôpital maritime temporaire n°1 Sidi-Albaclah (Ferryville, Tunisie) de cause non précisée, 10 décembre 1915, à l'âge de 21 ans.

 

Jean Gaüzère

Né le 10 novembre 1891 à Jeanbeylet, Campagne. Taille 168 cm. Degré d’instruction 3. Soldat de 2ème classe au 144ème R.I. MPF à Craonne (Aisne) le 17/09/1914 des « suites de ses blessures ».

 

Jean Gaüzère

Né le 5 août 1879 à Carcarès-Sainte-Croix. Taille 162 cm, degré d'instruction 2. Marié le 1er décembre 1905, Carcarès-Sainte-Croix avec Gabrielle Labarthe. Soldat au 290ème R.I. Renvoyé dans ses foyers le 1/02/1918 pour " Bacillose pulmonaire ouverte " par la commission de réforme avec gratification renouvelable de 2ème catégorie. Décédé le 23 octobre 1918 chez lui à Saint-Martin-d'Oney (40), à l'âge de 39 ans.

 

Léon Gaüzère

Né le 11 janvier 1895 à Meilhan. Taille 159 cm, degré d’instruction 2. Soldat de 2ème classe au 50ème R.I. Décédé le 2 octobre 1915 à Roclincourt (Oise), à l'âge de 20 ans. Précédemment inhumé à 800 mètres de Latante, côte 102 puis transféré au cimetière militaire de Mery (Oise).

 

Jean Gaüzère

Né le 13 décembre 1871 à Uchacq-et-Parentis. Taille 158 cm, degré d’instruction 3. Marié le 20 octobre 1895 à Geloux, avec Eugénie Decis (née en 1876).

Soldat au 1er R.I Territorial. Décédé le 28 juin 1916 à l’ambulance 4/37 de Landrecourt (Meuse), à l'âge de 44 ans. Son fils Jean, né en 1896, a également été incorporé et a survécu.

 

Jean Gaüzère

Né le 21 janvier 1896 à Saint-Martin-D'Oney. Taille 161 cm, degré d’instruction 2. Soldat au 418ème R.I. Décédé le 26 novembre 1916 à Saint-Pierre-Vaast (80), à l'âge de 20 ans

 

Victor Baptiste Gaüzère

Né le 20 juillet 1899 à Canenx-et-Réaut. Taille 157 cm, degré d’instruction 2. Soldat au 11ème R.I. Décédé le 23 septembre 1918 à l’hôpital complémentaire n°47 de Saint-Dizier (Haute-Marne), à l'âge de 19 ans

 

Jean Gaüzère

Né le 16 septembre 1883 à Tartas. Taille 173 cm, degré d’instruction 3. Soldat au 18ème R.I. Décédé le 4 juin 1916 à Bar-Le-Duc (55), à l'âge de 32 ans.

« Blessé par éclat d’obus. Plaie pénétrante de la région occipitale de l’œil droit et enfoncement crânien de la région sous-orbitaire gauche ». Décédé des suites de ses blessures le 4/06/1916, à l’hôpital central de Bar-le-Duc.

 

Marcel Gaüzère

Né le 28 février 1898 à Tartas. Taille170 cm, degré d’instruction 3. Soldat de 2ème classe.

Décédé le 18 avril 1918 à l’hôpital de Château-Thierry (Aisne) de « maladie contractée en service commandé ». 

 

Noël Gaüzère

Né le 25 décembre 1897 à Tartas. Taille 169 cm, degré d’instruction 2. Soldat au 2ème R.I. Coloniale. Décédé le 25 juillet 1918 à Vrigny (51), à l'âge de 20 ans.

 

Raoul Gaüzère

Né le 18/11/1893 à Tartas. Charron. Taille 169 cm, degré d’instruction 3. Engagé volontaire pour 3 ans le 7/10/1913. Algérie du 12/04/1914 au 2/10/1914. Soldat au 2ème Régiment du Génie. Blessé au combat de Vauxrot (Aisne) le 11/01/1015. Évacué sur l’ambulance de Soissons (Aisne) où il décéda le 18/01/1915.

 

Jean-Baptiste Gaüzère

Né le 8 février 1882 à Tartas. Marié à Marie Baillet en 1906. Taille 167 cm, degré d’instruction 3. Caporal au 212ème R.I. Blessé mortellement le 2/09/1916 et décédé le jour même à Vaux-Chapitre (Aisne), à l'âge de 34 ans.

 

6 - Conclusion.

 

« Dans les Landes, comme dans de nombreux autres départements peu urbanisés, on remarque le très lourd tribut payé par les populations rurales. On ne peut songer à autant de vies fauchées sans ressentir, 93 ans après l'Armistice, une infinie tristesse en pensant à tous les drames familiaux engendrés par ces décès. Dans tous nos villages, bien peu de familles ont échappé à ce drame. N'oublions pas non plus les très nombreuses jeunes filles dont les fiancés sont morts lors du conflit et qui furent appelées les veuves blanches ». Marie-Madeleine Vignau-Lous (présidente du Centre de généalogie des Landes, 2011).


 

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