1855 - Du pain et des jeux, certes, mais on ne joue pas avec le pain !

Le maire du petit village de Campagne-de-Marsan a dû rappeler à l’ordre les boulangers qui avaient pris certaines libertés avec la qualité et le poids de leur pain. L'occasion de découvrir l'alimentation de mes ancêtres paysans, le méteil et la méture. Il n'y avait pas de pain blanc tous les jours !

Taxe du pain (AD40 Campagne-1803 - 1857-E DEPOT 61/1D1, page 93

 

« Le maire de la commune de Campagne procédant en vertu de l’article 30 de la loi du 22 juillet 1791, arrête la taxe qui suit pour être mise en exécution jusqu’à nouvel ordre.

 

Le pain de première qualité faisant 1 kg vaut 0,50 Fr.

 

Seconde qualité.

-       Le pain d’un kilo vaut 0,42 Fr.

-       Le pain de 2 kg vaut 0,85 Fr.

-       Le pain de 3 kg vaut 1,0,27 Fr.

 

Pain de méteil* :

-       Le pain d’un kilo 0, 34 Fr.

-       Le pain de 3 kg vaut 1,03 Fr.

-       Le pain de 6 kg vaut 2,07 Fr.

 

Vu la loi du 19 juillet 1791, inhibitions et défenses sont faites aux boulangers d’excéder les prix ci-dessus fixés.

 

Les boulangers ne devront exposer en vente, que du pain bien manipulé, ayant le poids et le degré de cuisson convenables. Toutes contraventions à ces dispositions seront poursuivies et punies conformément à la loi.

 

Le prix d’un hectolitre de froment est 28 Fr.

Kilo de seigle : un franc

Frais de manutention : 2,50 Fr.

 

Le rendement d’un hectolitre de froment en pain de première qualité est de 64 kg, celui de la deuxième qualité est de 76 kg. Le rendement d’un hectolitre de méture** est de 78 kg.

 

À Campagne, le 10 septembre 1855.

 

Le maire ».

 

Petit lexique des pains de nos aïeux

 

*Le méteil est un mélange de céréales (triticale, blé, orge, avoine), de protéagineux (pois fourrager, pois protéagineux, féverole) et d'une légumineuse (vesce). Ce mélange est récolté en ensilage ou en grain selon les besoins du troupeau. Nous voyons ici, que ce mélange pouvait également être consommé par des humains.

 

**La méture (du latin mixtura) est un pain traditionnel fait à base de farine de maïs dans les Landes et des Pyrénées-Atlantiques, plus précisément dans le bassin de l’Adour. Lourd et à mie jaune, il est fermenté au levain et traditionnellement cuit dans un moule rond et haut, garni de feuilles de chou cavalier, d’où son goût particulier et sa facilité de démoulage. Il se mange grillé, émietté dans du lait ou de la garbure.

 

En Normandie, le pain de méteil est synonyme de méture, mais le maïs a été remplacé par des farines de seigle et de blé à parts égales.

 

Source

 

AD40 Campagne-1803 - 1857-E DEPOT 61/1D1, page 93.